15 Janvier 2021
En souvenir de Lady Marianne qui demeure, tendrement, dans nos pensées et maintenant, régi par Fardoise et Lilou.
Voici, pour le samedi 16 janvier, la suite du thème initié le 9 janvier par Fardoise : « La Vie en Jaune, du Jaune pour se réchauffer ».
J'ai choisi, sous cette obédience artistique, l'univers d'un illustrateur de fantasy dont j'apprécie beaucoup le style et la sensibilité : Kirk Reinert, artiste américain né en 1955.
Kirk Reinert représente avec brio des fées, des lieux enchantés, des lacs, des forêts, des licornes, des chevaux, des cygnes, des lapins, des aurores boréales, des arbres magiques... Il a réalisé de nombreuses illustrations pour des livres de fantasy, des romans gothiques et de science-fiction, des couvertures de magazines et des affiches à caractère fantasmagorique. Il utilise différentes techniques dont l'art de la Lithographie.
Délicate et sensuelle, une fée prépare un charme d'or entre deux crocus sativus enchantés. La couleur jaune est ici une émanation ardente de la Lumière, elle est pure énergie au creux de la Nuit.
Revers subtil de la mystérieuse Obscurité, la Lumière nous invite à suivre ses chemins de magie, à écouter nos rêves, à peindre le réel avec de l'or en feu...
Elle est puissance électromagnétique, énergie qui voyage de manière fulgurante (...à 299.792.458 mètres par seconde), mosaïque de savoirs, émanation de connaissances qui se manifestent à travers les couleurs inhérentes au spectre visuel. En sa force ondulatoire, elle nourrit tous les êtres vivants, dissout les simulacres, attise ce qu'on croyait profondément endormi...
Merveilleux jaune imprégné de lumière...
Mais il existe un autre « jaune »... celui de la colère, de l'amertume et de la transgression. Cela nous ramène aux remarquables travaux de l'historien Michel Pastoureau qui évoquent la dualité des couleurs, dans le monde médiéval notamment.
Chaque couleur possède un aspect positif et un second aspect, négatif... Michel Pastoureau nous apprend que Judas est associé à la couleur jaune, décrite comme couleur de la félonie et du mensonge, couleur de la trahison, du danger, de la folie destructrice. Dès le XIIIe siècle, le jaune est profondément dévalorisé. Les encyclopédies et les ouvrages littéraires les plus pointus font du jaune l'incarnation de la fausseté et du mensonge et vers les années 1250, les personnes de confession juive se retrouvent « liées » à l'énergie délétère du jaune. On les repousse, les obligeant à se signaler par un vêtement de couleur jaune et surtout par un chapeau jaune... Cela donnera, nous le savons, la terrible étoile jaune... Les racines abominables de cette étoile plongent dans la création de la rouelle jaune, sous le règne de Saint-Louis. « Roue de feutre ou de drap de couleur jaune, cousue sur le haut du vêtement, au niveau de la poitrine et dans le dos, afin de constituer un signe de reconnaissance. » Michel Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen-Âge occidental, P.205.
Au Moyen-Âge, le doré est considéré comme un « bon jaune », car il évoque « la lumière des puissants » et aussi celle du soleil. En revanche, le jaune mêlé au vert, devient une alchimie de subversion, reconnaissable à travers le vêtement du bouffon de cour.
Le jaune et le vert présentés ensemble sont assimilés à quelque chose « d'agressif, de déréglé, d'inquiétant ». Ils peuvent induire la colère et la folie.
Pour les artistes, au fil des siècles, le jaune servit à illuminer le paysage d'une œuvre. Il est perçu comme l'émanation de l'énergie du soleil en tant que principe de vie.
Jaune soyeux des fleurs qui insufflent la beauté et préservent l'essence féconde de l'existence...
Gros bisous pour vous, chers Aminautes. Prenez bien soin de vous... Et que le Jaune soit Espoir...