Littérature, histoire de l'art, inspiration qui file au vent, photographie, poésie de l'instant...
3 Juillet 2020
En souvenir de Lady Marianne à qui nous pensons bien fort et désormais sous l'égide de Fardoise et de Lilou.
https://lilousol.wordpress.com/category/tableau-du-samedi
Le thème des 4 et 11 Juillet proposé par Fardoise est « Des rivières pour nous rafraîchir... ».
http://entretoilesetpapiers.eklablog.com/
Merci à Fardoise et à Lilou
J'ai choisi ce tableau, séduite par la poésie qui en émane et la magie de l'eau que l'on perçoit... L'auteur, Václav Radimský (1867-1946), artiste de grand talent, était fasciné par l'eau et le charme des rivières.
Des rivières à la fois généreuses et dangereuses par leurs caprices... Václav aimait étudier les couleurs de l'eau, les chatoiements, les mystères, les possibilités de rêve et d'harmonie associées à l'élément aquatique.
Né en Bohême Centrale, dans une petite ville appelée Kolin, il adorait l'Elbe, rivière ou fleuve selon les hydrologues.
Son père fut maire de Kolin et propriétaire d'un moulin. Sa mère, passionnée de dessin, mourut quand il n'avait que trois mois mais il hérita, au fil du temps, de son amour de l'art et sa belle-mère l'encouragea à faire des études à Vienne, à l'École des Beaux-Arts, chez un maître paysagiste appelé Lichtenfels.
Il étudia donc à Vienne et aussi à Munich mais, ennuyé par l'extrême classicisme des sujets proposés, il décida de se rendre à Paris, ce qui fut, dans sa vie, un tournant essentiel. Grâce au peintre tchèque Zdenka Braunerová qui le prit, en France, sous son aile, il rencontra les peintres paysagistes de l'École de Barbizon et de nombreux Impressionnistes.
Il s'entendit fort bien avec Paul Cézanne qui devint, pendant un temps, son compagnon d'atelier et il nourrit une belle amitié avec Claude Monet. Il s'établit d'ailleurs à proximité de Giverny, dans le village du Goulet où il fit l'acquisition d'un ancien moulin qui s'appelait La Bergamote.
Particulièrement doué, il fut gratifié, en 1894, du titre de « plus jeune peintre remarquable » au Salon de Paris et au fil des ans, reconnu pour son talent, il reçut des médailles d'or au Salon de Rouen, en 1895 et en 1900, à l'Exposition Universelle de Paris.
Le plasticien Aleš Rezler, organisateur en 2006 d'une exposition consacrée à Václav Radimský, a écrit :
« Il est évident que l’enfance de Václav a été littéralement baignée par l’Elbe, par ce cours d’eau jadis pure, moyen de subsistance, mais également moyen de divertissement pour les enfants, avec ses possibilités de baignade, ses plages de sable et ses cachettes. La rivière, plan d’eau étonnant de par sa force, son côté effréné et ses caprices, a accompagné Václav tout au long de sa vie. Rien ne lui était plus familier qu’une rivière. »
Il aimait aussi énormément l'Epte, rivière Française prenant sa source dans le département de la Seine-Maritime et serpentant de territoire en territoire en inspirant les artistes. L'Epte est le sujet des tableaux que j'ai choisis, expressions d'une passion pour les reflets à la surface du miroir d’eau, monde où palpitent les possibles, univers esthétiquement fascinant et magnifique !
Considéré comme un immense peintre de paysages, Václav Radimský connut hélas des temps très difficiles à partir de 1907. Sa fille unique mourut de la scarlatine lorsqu'elle avait seulement quelques mois et à l'été 1914, il fut placé en détention au motif qu'il était un « sujet autrichien », autrement dit, en tant que ressortissant d’un pays ennemi il était suspecté d'office de comploter contre la France. Certains de ses amis réussirent à faire « améliorer » ses conditions d'emprisonnement, notamment en sollicitant l'intervention du Premier Ministre Georges Clémenceau qui l'appréciait et possédait l’un de ses tableaux mais il fut tout de même privé de liberté, plusieurs années durant...
Il resta profondément affecté par ce qui lui arriva et on peut aisément le comprendre ! C'est bien triste et révoltant...
Il quitta la France en 1918, malheureux à l'extrême d'avoir été traité comme un ennemi dans un pays qu'il aimait tant et où il était tombé amoureux. Il devint un artiste incontournable en sa natale Bohême et à l'échelle de sa nation, il apparut comme un maître en l'art du paysage et continua, jusqu'à la fin de ses jours, de peindre l'eau, ses mouvements et ses mystères...
J'ai pris grand plaisir à laisser mon regard voguer sur cette rivière...
Je pense bien à vous chers Aminautes, prenez bien soin de vous, gros bisous !