16 Mars 2018
« Je peins pour peindre la joie de la couleur... »
Dans sa période dite « nacrée », Auguste Renoir (1841-1919) peignit le bonheur des instants privilégiés, les douceurs de l'enfance, la beauté épanouie et la féminité triomphante. Face à la tendance à l'abstraction qui s'amplifiait, ses grands nus régénérèrent une veine souple, classique et sensuelle.
Grâce à une palette de couleurs lumineuses et d'ombres légères, l'artiste emporte le regard dans un fondu voluptueux.
Les chairs rosées fascinaient Renoir. Il passait de longs moments à contempler les roses, à la bonne saison, et conjuguait les tons des chairs féminines et la nacre vibrante et rosée des coquillages et des fleurs.
A travers la carnation précieuse de ses modèles, il célébrait la jeunesse et la vie, la femme Vénusienne dont la chair est parure et la chevelure bijou...
La poésie des ombres bleues légères caresse les contours fugitifs et soyeux des tissus et des chairs. Sa période « nacrée » est l'expression de cette délicatesse picturale, fondée sur la rencontre entre volupté, formes pleines, ondulations de la lumière...
Dans ce tableau ravissant, Renoir dévoile son admiration pour la peinture française du XVIIIe siècle. Le sujet et la touche, le cadrage resserré et la neutralité du fond évoquent les figures de fantaisie de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), saisies dans une activité artistique (lecture, musique, écriture).
Dans ses natures mortes, Renoir exprime le volume et la texture uniquement par le biais de la couleur.
Cette huile sur toile marque un tournant dans l'oeuvre de Renoir car elle appartient à une série de tableaux qui lui valurent la reconnaissance des instances officielles. Commande de l'État certes mais surtout instantané délicieux d'un moment de bonheur.
Le peintre nous plonge dans un intérieur bourgeois à l'ambiance feutrée où sa touche ondulante traduit une douce mélodie. Deux jeunes filles absorbées dans leur passion musicale, entre joie et songe, sont emportées par une envolée de notes suaves. L'une ferme à demi les yeux et l'autre déchiffre la partition avec gourmandise.
Renoir nous invite à caresser les étoffes, à suivre la lumière qui ruisselle sur les rubans, les chevelures et les courbes des visages.
Il interprète d'une manière très personnelle le thème de la musique, fréquemment illustré dans la peinture du XVIIe siècle. Il transcrit l'émotion à travers le traitement du piano qui s'appuie sur un fond doux et mouvant, comme s'il s'agissait d'un paysage dans la brume.
Nous retrouvons les mêmes modèles que pour les Jeunes filles au piano et des tonalités ressemblantes dans le traitement pictural, un ruban similaire dans la chevelure blonde et une robe quasiment identique pour la jeune fille brune qui arbore un chapeau de paille.
Dans ce doux moment d'intimité mis en scène, Renoir exalte la beauté des chevelures et la coquetterie suave émanant de la fin de l'enfance (rubans, beaux tissus des robes...).
Renoir peint l'enfance avec la tendresse d'un père et le regard de l'homme qui se tourne vers un délicieux « âge d'or », pétri de rêves et de fantastiques royaumes.
Ces toiles délicates ne reflètent pas le drame qui touchait l'artiste: de terribles crises d'arthrose déformant ses mains et lui provoquant d'atroces douleurs...
Claude Renoir est son troisième et dernier enfant, né en 1901. Nous le retrouvons ici plus âgé, arborant un costume rouge de clown et un petit chapeau noir, devant deux grandes colonnes de marbre. Éloigné de la spontanéité de ses jeux, il n'appréciait pas particulièrement de prendre la pose pour satisfaire aux volontés de son père. Il dira, des années plus tard, que ses bas blancs le démangeaient et qu'il était bien difficile de rester immobile.
Dans ce tableau monumental, Renoir exprime son attirance pour les jeux de lumière à la surface des tissus, les étoffes chatoyantes et l'art du déguisement. Il rend un hommage de fantaisie aux jeunes princes et aux infantes représentés par Diego Vélasquez (1599-1660), peintre du Siècle d'Or espagnol, et aux portraits de cour d'Antoine Van Dyck (1599-1641).
Sur ces belles visions artistiques, je vous souhaite une excellente journée... Gros bisous !