9 Novembre 2019
Pour la communauté Le Tableau du Samedi gérée par Lady Marianne (à qui je souhaite un bon rétablissement), voici ma participation du samedi 9 novembre. Une aminaute, Fardoise, a proposé un thème : « Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches... » d'après le poème de Verlaine ou thème libre.
Et si nous allions nous promener sous des arceaux de branches ?... En cette toile, la Magie opère... On se sent transporté par la beauté de la Nature et on entre dans le tableau comme dans un lieu enchanté, grâce au talent de Thomas Moran (1837-1926), peintre paysagiste américain qui tomba amoureux des Montagnes Rocheuses et du style du White Mountain Art (Art des Montagnes Blanches).
Thomas Moran fut associé à l'Hudson River School, mouvement artistique caractérisé par sa vision romantique de l'art, fondée sur la passion des grands espaces et des merveilles naturelles, le tout sublimé par un travail très approfondi, quasi mystique, sur la lumière. Ami d'artistes comme Albert Bierstadt, William Keith et Thomas Hill, il peignit des vues de l'Ouest américain qui furent présentées au Congrès et favorisèrent la création du parc national de Yellowstone.
Thomas Moran naquit en Angleterre en 1837, à Bolton, dans le Lancashire mais ses parents émigrèrent dès son plus jeune âge sur la côte Est des États-Unis. Il apprit dans son adolescence la gravure sur bois de même que le dessin et la peinture. Il s'établit ensuite à Philadelphie.
Passionné de Nature, il entreprit en 1860, un voyage d'exploration dans le territoire du Lac Supérieur. S'imprégnant de la merveilleuse lumière qui émanait des lieux, il « croqua » le ciel, la végétation, les cours d'eau, les pierres... et quand il retourna à Philadelphie, il conçut de magnifiques lithographies à partir des nombreux dessins qu'il avait réalisés.
Ses œuvres connurent un succès immense. Il fut notamment remarqué par le directeur de la National Gallery qui lui « prêta » une salle afin qu'il puisse y créer des tableaux d'une taille conséquente.
Voyageur dans l'âme, il se rendit à Londres où, fasciné par les œuvres de John William Turner (1775-1841), il étudia les recherches que le maître anglais avait effectuées sur le mouvement, les couleurs et les métamorphoses de la lumière. Puis il revint aux États-Unis où il oeuvra de toutes ses forces pour découvrir les splendeurs sauvages des contrées de l'Ouest.
En 1871, son vœu fut exaucé quand il rejoignit l’expédition d’Études Géologiques de Ferdinand Hayden vers ce qui allait devenir le Parc National de Yellowstone.
Il établit, avec le peintre photographe William Henry Jackson (1843-1942), une cartographie très précise des merveilles naturelles (cascades, geysers, sources d'eau chaude, précipices, canyons, chaos rocheux, arches sculptées par l'érosion...) peuplant le territoire sauvage dans lequel ils s'enfonçaient.
Leur travail plus qu'impressionnant fut plébiscité par le Congrès qui décida de faire de Yellowstone un parc national.
Certaines formations géologiques de Yellowstone portent les noms de Moran et Jackson et deux tableaux de Thomas Moran ont été exposés dans le Bureau Ovale sous la présidence de Barack Obama.
L'écriture esthétique de Thomas Moran nous parle des liens mystérieux, sacrés, envoûtants qui unissent l'Homme et la Nature. Elle a directement contribué à la sauvegarde d'espaces qui auraient pu subir la voracité de certains êtres humains. Thomas Moran était également sensible au sort des Indiens mais à son époque, lutter contre les atrocités commises envers les peuples autochtones équivalait à se battre contre des moulins à vent... A sa manière, il a pu exprimer une philosophie de vie sensible et faire prendre conscience à bien des gens de la nécessité d'oeuvrer pour préserver la Nature et respecter les beautés qu'elle nous offre.
Novembre avance... Les couleurs sont douces et précieuses... Belles pensées, chers aminautes !