Littérature, histoire de l'art, inspiration qui file au vent, photographie, poésie de l'instant...
17 Avril 2020
En souvenir de Lady Marianne à qui nous pensons bien fort et désormais sous l'égide de Fardoise et de Lilou.
https://lilousol.wordpress.com/category/tableau-du-samedi
Voici le thème proposé pour le samedi 18 mars, par Fardoise : « Par la fenêtre ouverte »
http://entretoilesetpapiers.eklablog.com/
J'ai un coup de cœur pour cette œuvre réalisée par l'illustrateur américain William Ladd Taylor (1854-1926) qui entre, je trouve, particulièrement en résonance avec ce que nous vivons... Le confinement, l'inquiétude, les interrogations et l'attente de jours meilleurs...
Être derrière la fenêtre, se questionner, se sentir inquiet, espérer, se battre pour ne pas se laisser submerger par les ombres grises de la déprime, y croire encore et cela même si la situation est complexe. Garder Espoir!
Sur mon blog Ma Plume Fée dans Paris, j'ai choisi une fenêtre ouverte... Ici, la fenêtre est composée de petits éléments qui dessinent un maillage élégant et sont assortis d'un joli vitrail. Une jeune femme regarde au dehors en espérant que vienne l'être aimé... Instants où le cœur résonne lourdement, où l'esprit s'interroge... Blason et musique d'émotion... Partition de renouveau que l'on attend de jouer...
L'auteur, William Ladd Taylor (1854-1926), naquit à Grafton dans le Massachussetts. Il étudia l'art à Boston puis à New York et se rendit à Paris où il fut, pendant les années 1884/1885, l'élève des maîtres Gustave Boulanger (1824-1888) et Jules Lefebvre (1836-1911).
Il aimait représenter des contes et des ballades populaires, montrer l'intimité de personnages évoluant dans d'élégants intérieurs. Il a travaillé pour des magazines d'Amérique et de Nouvelle-Angleterre et réalisé des cartes postales et des affiches recherchées par les collectionneurs.
Son inspiration s'est enracinée dans le Préraphaélisme et la sensibilité de l'Art Victorien tardif. Pour rappel, le Préraphaélisme est un phénomène de l'art, puissamment inspiré, gorgé d'un sang rebelle, qui fut initié par trois étudiants de la Royal Academy : Dante Gabriel Rossetti (1828-1882), John Everett Millais (1829-1896) et William Holman Hunt (1827-1910).
Ces trois jeunes gens ne supportaient plus le poids des conventions, la morale qu'ils qualifiaient d'insidieuse, le dogmatisme et la mièvrerie sentimentale qui caractérisait pour eux la peinture britannique de leur temps. Ils considéraient que de lourdes règles esthétiques issues de la Renaissance étaient responsable d'une sclérose de l'art et que l'esprit du spectateur, se voyant obligé de composer avec de la peinture de genre où ne brillait aucune créativité, se racornissait. Ils partirent donc en guerre contre l'enseignement académique et leur trio s'agrandit rapidement.
Il y eut plusieurs périodes et courants Préraphaélites et de nombreux artistes concernés. La jeune femme à la fenêtre de William Ladd Taylor est une émanation directe de cette vision esthétique et philosophique au charme hautement perceptible...
Pour accompagner cette œuvre, j'ai choisi un florilège de toiles, en résonance avec le thème proposé ce samedi 18 avril 2020 ainsi que des citations butinées dans mes carnets de littérature.
Léonard de Vinci (1452-1519) mettait en avant, au sujet de la construction d'un tableau, le symbole de la fenêtre : « Je trace d’abord sur la surface à peindre un quadrilatère de la grandeur que je veux, fait d’angles droits, et qui est pour moi une fenêtre ouverte par laquelle on puisse regarder l’histoire. » Nombre d'artistes lui ont emboîté le pas.
Quelques tableaux choisis... Une histoire de sensibilité...
Peintre originaire d'Alsace, Marcel Rieder fut, en son temps, à l’École Supérieure des Beaux Arts, l’élève du maître académicien Alexandre Cabanel (1823-1889).
Passionné de musique et d'académisme, il a réalisé des œuvres très intimistes et des compositions allégoriques et d’inspiration mythologique.
Il fut très apprécié à partir de l'année 1897, devenant le poète pictural d'atmosphères nocturnes et crépusculaires, aimant représenter bougies, lampes à pétrole, ampoules électriques et papillons à gaz, appréciant de décrire les instants intimes de la vie. Il a aussi montré les fastes de la Belle-Époque.
Ce tableau est d'autant plus intéressant que Bourdelle, géant de l'art, est bien plus connu comme sculpteur que comme peintre. Artiste praticien incontournable de l'atelier d'Auguste Rodin (1840-1917), son ami, il a voué sa vie à la sculpture, aux sujets inspirés de la Grèce Archaïque, aux reliefs incarnant la matière brute mais il a aussi cédé à l'inspiration du dessin et à la peinture, dans des tons pastel mais pas seulement...
« Une simple image, si elle est nouvelle, ouvre un monde. Vue des mille fenêtres de l'imaginaire, le monde est changeant. » Gaston Bachelard (1884-1962), poète, écrivain, professeur d'université, philosophe interrogeant les rapports entre la littérature et la science, La poétique de l'espace.
« Peindre dans la lumière et dans la joie, spontanément, légèrement et sans effort apparent, telle paraît être la fonction et comme le génie propre d’Henri Lebasque. Pas de système appris, laborieusement échafaudé, pas de formules, pas de genres, ou plutôt il les effleure tous, sauf les genres ennuyeux ; il peint tout ce qui vit et tout ce qui charme : les femmes, les fleurs, les enfants, le ciel et les eaux. Un air léger et limpide baigne son œuvre entière qui ne s’attarde ni aux sujets graves, ni aux effets tristes, ni aux teintes sourdes : la nature semble toujours en fête pour lui. » Paul Vitry (1872-1941), historien de l’art.
Fyodor Smirnov (1896-1979), peintre russe ayant mêlé Symbolisme et Réalisme, L'été moldave vu par la fenêtre...
« Il faut au poète une fenêtre sur l'inconnu, un espace que ne gouverne aucune structure rigide, aucun dogme. Un regard qui embrasse de vastes et multiples horizons. »Andrée Chedid, Territoires du souffle...
« Un flamboyant été de roses se consumait en parfums. L'immense baie des fenêtres découvrait la mer qui miroitait toute sous nos yeux éblouis, ruissellement d'argent fondu et parsemé de cristal. » Renée Vivien (1877-1909), poétesse britannique de langue française de la Belle Époque, La Dame à la Louve, 1904.
« Par la fenêtre je regarde le ciel clair. Sommes-nous de si petites choses, si infiniment petites, que nous ne pouvons rien faire ? » Delphine de Vigan, No et moi.
Je souffle vers vous une myriade de flocons de Printemps, pétales d'Espérance...
Gros bisous, chers Aminautes!