13 Mars 2020
En souvenir de Lady Marianne à qui nous pensons bien fort et désormais sous l'égide de Fardoise et de Lilou.
https://lilousol.wordpress.com/category/tableau-du-samedi
Le thème proposé pour le samedi 14 mars par Fardoise est, dans la suite du samedi 7 mars, : « Les Tempêtes ».
J'ai choisi ce tableau de l'artiste américain Clyde Aspevig, subtilement brodé de lumière orageuse, car j'ai été charmée par son énergie, sa beauté, sa poésie sauvage et enivrante...
Clyde Aspevig est un peintre paysagiste né en 1951. Fasciné par les phénomènes naturels, il exprime sa passion de l'art en représentant des lieux investis par la puissance créatrice et féconde de Dame Nature : des montagnes enneigées, des rivières, des collines moussues, des sous-bois... Il a sillonné l'Amérique (Colorado, Wyoming, Indiana...) et les étendues sylvestres et montagneuses des pays du nord de l'Europe. Il a peint les nombreux visages des saisons.
Le tableau choisi cette semaine m'a donné envie d'évoquer la mythologie de la foudre et des éclairs.
Dans les cultures anciennes, la foudre et les éclairs étaient perçus comme l'expression de forces surnaturelles d'une puissance inouïe et considérés comme la marque de l'Illumination Spirituelle. Les Dieux se manifestaient ainsi auprès des Hommes, les rendant témoins de l'énergie générée par des combats célestes entre la Lumière et le Chaos.
Dans les abysses du ciel, les dieux jetaient leurs haches, leurs lances et leurs épées contre des dragons polycéphales terrifiants, des chimères hérissées de roches cosmiques en fusion, des bêtes jaillies des entrailles mortifères de l'Univers, des démons incandescents... Les éclairs étaient considérés comme la marque de ces luttes et aussi comme de bons présages. En effet, les éclairs représentaient la fertilité pour différents peuples et notamment la fertilité masculine. Les éclairs fécondaient les champs avec la semence des dieux du ciel.
Les anciennes tribus étrusques pratiquaient la "brontoscopie", soit la divination par les éclairs et la foudre. Des éclairs surgissant à l'Est apparaissaient comme protecteurs. Quand ils se manifestaient à l'Ouest, cela annonçait la proximité d'un danger ; au Nord-Ouest, un grand malheur mais au Nord-Est, ils évoquaient des événements positifs.
Les Romains s'inspirèrent de la magie et de la divination étrusque. Ils célébrèrent la puissance des éclairs à travers le dieu Jupiter Fulgur, « le Jupiter à la foudre », émanation du dieu grec Zeus Keraunos.
Les divinités des énergies célestes étaient révérées sur de hauts sommets mais aussi dans des bois profonds, autour de foyers dans lesquels brûlaient des pierres considérées comme sacrées.
Le dieu mésopotamien et syrien Addad/Haddad ou Ishkur contrôlait les éclairs et la foudre. On disait que son animal fétiche : le "Taureau de l'Orage" courait dans le ciel dès que l'on voyait se former des nuages de tempête. Ce dieu, fils du Ciel (Anu) et de la Terre (Ki), était perçu comme bienveillant. Parèdre de la déesse de la Nature (Shala) dont l'emblème était l'épi d'orge, il apportait la fécondité.
Les anciens Slaves honoraient Perun/ Perkwunos, « le frappeur », (en langue lettone Perkons et en lituanien Perkunas), maître du tonnerre et des éclairs, que l'on assimilait volontiers au dieu nordique Thor et au dieu germanique Donar. On lui dédiait le Chêne, appelé « arbre de l'éclair » et l'Aigle Royal. Dieu à la fois guerrier, civilisateur et nourricier, il portait une rouelle magique, symbole des tempêtes et les voyageurs d'autrefois l'invoquaient lorsque l'orage grondait. Sa marque était gravée à l'entrée des habitations afin de repousser les dangers de diverses natures : météorologique, démoniaque, humaine...
https://fr.sputniknews.com/culture/201712041034158106-peinture-art-artiste/
Des oeuvres magnifiques d'Igor Ozhiganov que je vous conseille...
Pour célébrer Perun ou lui demander protection, on pouvait arborer, en guise de pendentif, une petite hache en argent ou des figurines miniatures du dieu.
Les éclairs, en résonance avec la foudre, émanation du feu divin sur la terre, apportaient la vie, sous sa forme la plus ardente. Les lieux frappés par les éclairs étaient considérés comme imprégnés d'une énergie magique et initiatrice.
Les éclairs donnent naissance à des êtres puissants et mystérieux, souvent de nature serpentine à l'instar d'Itzcoatl, le « serpent d'obsidienne », associé au dieu chien psychopompe Xolotl dans le Mexique ancien. En Finlande, dans les croyances ancestrales, un serpent multicolore est tombé du ciel au fond de la mer. Il a été mangé par un saumon mythique et a engendré l'éclair qui est remonté à la surface de la terre.
Tantôt craints et tantôt révérés, les éclairs, des « langues de tonnerre », sont liés à l'Illumination et à l'Inspiration comme en témoignent des citations que j'ai beaucoup appréciées.
« La photographie est un éclair qui dans l'orage saisit l'instant qu'elle a foudroyé. » Remy Donnadieu, photographe, graphiste, auteur né en 1962.
« La pensée n'est qu'un éclair au milieu de la nuit. Mais c'est cet éclair qui est tout. » Henri Poincaré (1854-1912), physicien et mathématicien.
« Shakespeare, en tombant ainsi sur moi à l'improviste, me foudroya. Son éclair, en m'ouvrant le ciel de l'art avec un fracas sublime, m'en illumina les plus lointaines profondeurs. Je reconnus la vraie grandeur, la vraie beauté, la vraie vérité dramatiques. » Hector Berlioz (1803-1869)
« Il n'y a pas d'autre art que l'art amoureux. C'est l'art souverain de la lenteur et de la vitesse. C'est l'art de susciter un éclair, sans jamais l'arrêter en l'orientant vers nous. » Christian Bobin, écrivain né en 1951.
Je vous adresse, chers Aminautes, de gros bisous à la vitesse de l'éclair !
Prenez bien soin de vous...