Littérature, histoire de l'art, inspiration qui file au vent, photographie, poésie de l'instant...
13 Novembre 2018
« Je n'ai plus d'autre ciel que le bleu de tes yeux. » Jules Sandeau (1811-1883), Marianna, 1839.
Promenade à travers les toiles de Paul Émile Chabas (1869-1937) qui fut apprécié, en son temps, pour ses portraits et ses nus gracieux, tissés d'un charme délicieusement érotique.
Frère cadet du peintre symboliste et mystique Maurice Chabas (1862-1947), Paul Chabas fut, à l'École des Beaux-Arts de Paris, l'élève des maîtres William Bouguereau (1825-1905) et Tony Robert-Fleury (1837-1911).
Artiste voyageur, il découvrit des pays comme la Grèce, la Norvège, l'Algérie... En 1886, il présenta pour la première fois des oeuvres au Salon des Artistes Français. En 1921, il entra à l'Académie des Beaux-Arts et en 1928, il reçut la Légion d'Honneur. Il présida, de 1925 à 1935, la Société des Artistes Français.
L'eau fut son élément de prédilection.
L'univers aquatique enveloppe ses créations. On y contemple des baigneuses aux courbes avenantes, saisies dans leurs activités ludiques, rêveuses, amoureuses... Plusieurs de ses oeuvres furent considérées comme scandaleuses, à l'instar de Matinée de Septembre, toile exposée au Salon en 1912, année où Paul Chabas fut gratifié de la Médaille d'Honneur.
Matinée de Septembre fut ensuite exposée à Chicago et à New York puis, en 1957, elle entra dans les collections du Metropolitan Museum de New York.
La Baigneuse hante l'imaginaire des peintres depuis des siècles. Femme, nymphe, déesse... elle incarne le plaisir de la nudité qui se love dans la lumière et l'ombre fines.
Baigneuses antiques, avatars d'Aphrodite/Vénus aux charmes brûlants...
Baigneuse qui jaillit, enivrante, des eaux primordiales comme la blonde Vénus de Sandro Botticelli (1445-1510).
Baigneuses Renaissance de l'École de Fontainebleau, à l'instar de la Diane au bain de François Clouet, peinte vers 1565... Baigneuses qui ornent les jardins et les cabinets particuliers des manoirs, des grands châteaux : Versailles, Écouen, Marly, Sceaux (...) et des demeures prestigieuses des bords de Loire ; baigneuses peintes ou sculptées dans le marbre, la pierre, le bois... fondues dans le bronze... Signées de sculpteurs au style remarquable à l'instar d'Étienne-Maurice Falconet (1716-1791) et de Christophe-Gabriel Allegrain (1710-1795).
Baigneuses de Gustave Courbet (1819-1877), Paul Cézanne (1839-1906), Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), Aristide Maillol (1861-1944), Pablo Picasso (1881-1973)... qui se lovent avec sensualité dans les billets que j'écris pour de futures publications... J'en ai toute une collection qui se laisse admirer avec un plaisir toujours renouvelé ! Vous aurez donc l'occasion de voir celles que j'ai citées et bien d'autres...
Personnage et motif incontournable de l'Art, la baigneuse est une séductrice qui évoque les dames et demoiselles des eaux des légendes celtiques, gardiennes de connaissances mystérieuses...
Vénus à la coquille, Nymphe sortant des eaux, etc...
L'eau, cet élément féminin et matriciel que Paul Chabas met en scène dans ses toiles avec parfois un flou chimérique et de très subtiles modulations de couleurs qui en accentuent le côté fascinant...
Esprit de l'air et de l'eau, créature chimérique... La Libellule est considérée comme l'émissaire des rêves, celle qui guide les voyageurs oniriques à travers les contrées de la nuit. Fée Psychopompe et puissante Messagère, elle possède la connaissance des mémoires aquatiques, scintillantes, légendaires.
Comme vous le constatez, Paul Chabas a essentiellement peint des oeuvres liées à la beauté sensuelle, miroitante et fantasmagorique de l'eau.
Avec quelques petites variantes mais il revient toujours à l'eau...
Adorant les Baigneuses, je vous montrerai ma collection d'images au fil du temps ! Gros bisous et belles pensées de Novembre...
L'Eau, féminine par nature...
« Telle, unie à elle-même, elle tourne en une continuelle révolution.
Deçà, delà, en haut, en bas, courant, jamais elle ne connaît la quiétude,
pas plus dans sa course que dans sa nature.
Elle n'a rien à soi, mais s'empare de tout, empruntant autant de natures
diverses que sont divers les endroits traversés. »
Léonard de Vinci (1452-1519)