Littérature, histoire de l'art, inspiration qui file au vent, photographie, poésie de l'instant...
29 Juin 2019
Pour la Communauté « Le Tableau du Samedi » gérée par Lady Marianne, voici ma participation en ce samedi 29 juin. C'est ma première participation, merci de m'accueillir, j'ai pris grand plaisir à rédiger ce billet.
J'ai choisi La Vague de William Bouguereau (1825-1905), une oeuvre imprégnée de charme sensuel, un instantané d'érotisme et de beauté daté de 1896.
Émanation profondément désirable de l'énergie océane, la Vague de William Bouguereau, artiste emblématique de ce que certains appellent avec mépris « l'Académisme » nous invite à cheminer sur une plage baignée d'une opalescente lumière.
Une Belle nous y attend, évocatrice des splendeurs voluptueuses du monde de la mer d'où Vénus/Aphrodite, déesse antique de l'Amour, a jailli. A travers l'expression de ses yeux de biche et son sourire empreint de fièvre rosée, le peintre nous conte le bonheur inhérent à l'instant présent.
Il s'agit d'une oeuvre de plaisir, plaisir de ressentir le mouvement de l'eau, la force des éléments, les crépitements de l'écume... Plaisir de contempler un corps féminin, offert aux caresses du jour.
La Vague de Bouguereau fait référence aux Océanides, créatures sublimes qui frayent dans les abysses bleues argentées et aux Néréides, les nymphes de l'eau profonde, filles de Nérée, « le Vieillard de la Mer », dieu aquatique très ancien doté du pouvoir de métamorphose. Les écrits de l'Antiquité évoquent trois mille Océanides et cinquante Néréides.
La Vague fait également songer aux déesses de la mer qui possèdent d'enivrants attraits : Aphrodite née de l'écume ourlée de mort et de vie ; Amphitrite, épouse de Poséidon, maîtresse des monstres marins et mère des Tritons ; Téthys la Titanide, soeur et épouse de l'Océan Primordial dont elle garde les secrets...
Muses des Mers qui se sont dévoilées, au fil des siècles, à travers les oeuvres des artistes de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture puis de l'École Nationale des Beaux-Arts.
La Vague a retrouvé de nos jours une « réception » bien plus favorable de la part des critiques d'art. A l'époque de Bouguereau, hélas, nombre d'entre eux ont cru judicieux d'opposer, de manière ultra catégorique, le style dit « à la mode » soit l'art en vogue, Académique, qualifié péjorativement de Pompier et les recherches lumineuses et sensibles des Impressionnistes.
Comme si on ne pouvait pas apprécier à la fois l'Impressionnisme et l'Académisme qui est bien plus riche de courants, subtil et complexe qu'il n'y paraît !
A l'époque où Bouguereau peignit la Vague, les femmes prenaient des bains de mer en étant couvertes de la nuque aux pieds. Le corps féminin était situé à la croisée de mille et une opinions ambivalentes et l'objet de fantasmes liés entre autres aux mondes maritimes. Des beautés nues chevauchant l'écume devenaient alors des objets de collection pour des cabinets d'art érotique tandis que dans la vie quotidienne, la femme était claquemurée dans sa prison de vêtements.
William Bouguereau, maître de l'Académisme et professeur émérite à l'École des Beaux-Arts, a su montrer avec grand talent le lien qui unissait la femme et la matrice océane. Il a célébré le Carpe Diem, la joie de vivre l'instant présent et d'éprouver du désir, sans honte, pour la beauté que l'on perçoit.
Ses oeuvres sont très appréciées de nos jours dans les grands musées américains et La Vague est représentée sur différents supports : carnets, classeurs, mugs, linge de maison... Sur l'image ci-dessous, elle décore même un legging !
Je vous reparlerai de Bouguereau en vous montrant, au fil du temps, des tableaux que j'aime tout particulièrement. En attendant, prenez bien soin de vous en ces temps de canicule et de pollution optimale. Gros bisous !